I don't want to hurt you | LORENZO

La nuit était froide, encore plus qu’elle ne se l’était imaginée. Elle était partie avec une simple veste, mais il lui aurait fallu un manteau. Une veste était pourtant bien correcte, il fallait quand même l’avouer. Les manches longues cachaient les cicatrices qui parcouraient ses bras. Saralyn aurait nettement préféré ne pas sortir car la noirceur faisait ressortir le gris de ses yeux. Ses yeux, tout ce qui la rattachait à la meute, à part cette cicatrice qui lui barrait la gorge, cette cicatrice avec quoi tout a été déclenché. Gardant les yeux obstinément tournés vers le sol, la jeune femme pestait silencieusement contre Justin. S’il n’avait pas trouvé une mission à lui faire, elle serait chez elle, aujourd’hui, avec Jamara.. Son chat. Ce pauvre chat qui avait vécu tant d’atrocité qu’elle ne pouvait se résoudre à le laisser seul, à l’abandonner. Il faisait parti de la famille des chasseurs de monstre, maintenant. Elle l’entendait encore miauler pathétiquement pour qu’elle lui donne quelque chose à manger. Décidément, ce chat était incorrigible, mais il était affectueux et elle s’y était attachée. Ce soir encore, elle en voulait à Gaspard, parti je-ne-sais-où. Justin ignorait qu’il n’était pas là, mais il l’apprendrait sûrement demain matin. Dès l’aube, elle aurait sûrement un rapport à remettre à son chef de section par rapport à son coéquipier. Voilà qui ne l’enchantait guère.. Après tout, elle connaissait Justin par cœur. Ou presque.

Non, décidément, cette nuit aurait été mieux si elle était restée chez elle. D’accord, elle aurait fait des cauchemars. Elle n’arriverait sûrement pas à dormir convenablement. Il lui arrivait toujours de se réveiller en hurlant, comme une gamine. Les quelques souvenirs qui lui restaient étaient cuisants dans sa mémoire. Les cadavres que Gaspard et elle avaient examinés étaient encore gravés dans sa mémoire. Ils étaient affreux et ils continueraient sûrement de la hanter. Et puis, ces fleurs d’un rouge sang qui étaient en ce moment sur une tablette de sa bibliothèque? Que signifiaient-elles? Qui aurait pu lui envoyer pareille abomination? Oui, ces fleurs étaient horribles. Leur rouge était tellement dense qu’il rappelait le sang. Cette fleur semblait absorber tout le pouvoir et elle jetait une aura sombre dans toute la pièce. Elle aurait voulu les jeter, les faire disparaître, mais quelque chose l’en empêchait. Dans un sens, elle savait qu’elles signifiaient quelque chose. Mais quoi? Personne ne semblait être en mesure de répondre à cette question. Elle avait récemment apprit que c’était Démétrius, ce monstre aux airs d’ange, qui lui envoyait ces fleurs-là. Savait-il ce qu’elles représentaient pour elle? La mort. La mort, le sang, la guerre.

Que faisait-elle ici? Sa place n’était pas dans le secteur des vampires. Même si sa mission l’y amenait, elle ne pouvait pas rester ici. La pénurie de sang animal qui y régnait était abominable pour Lorenzo et ses sujets. Ils mourraient tous de faim. Elle en avait vu un, vomissant un flot sombre et le léchant comme si c’était sa vie qui lui échappait. C’était le cas, en plus. Elle trouvait cela terrible, et voulait atrocement aider le dirigeant des vampires là-dedans. Évidemment, jugeant cela trop dangereux pour elle, il l’écartait toujours de ses problèmes. Un jour, il s’était même fâché contre elle en lui expliquant qu’il avait ses problèmes et qu’elle avait les siens, qu’elle ne pouvait pas tout régler comme elle semblait le souhaiter. Comme à chaque fois, elle avait prit peur, et comme à chaque fois, son ton s’était radouci et il la rassura, s’excusant de s’être emporté. Il lui fit comprendre qu’elle comptait pour lui et qu’il ne voulait pas qu’elle se fasse blesser là-dedans. Pourtant, Saralyn continuait à faire sa têtue. Comme toujours.. Il allait falloir s’y habituer, elle faisait toujours quelque chose d’inconsidéré. Elle ne pensait quasiment jamais à elle, et en ce moment, elle voulait simplement aider Lorenzo à se rapprovisionner en sang animal pour pouvoir sauver ses sujets. Il était farouche sur ce sujet-là, et ne faisait aucunes concessions. Elle ne pouvait pas l’aider et c’était normal, c’était préférable, même.

Alors que le sens de sa mission lui échappait déjà, Saralyn comprit qu’il était trop tard. Ses jambes l’avaient amené au bar « Délices de Bacchus » tenu par Cal, un vampire en qui elle avait de l’estime. La jeune recrue de l’Organisation se rendit soudainement compte qu’elle aurait besoin du calme olympien – ou presque – de Lorenzo pour réussir à décompresser. Avec Gaspard qui disparaissait, Justin qui mettait des charges trop lourdes sur ses épaules et toutes ces heures obligatoires d’entraînement, elle était épuisée. Ah, et sans oublier tous ses cauchemars qui l’empêchaient de dormir convenablement lorsqu’elle le pouvait. Elle se réveillait toujours exténuée. Une pause. Une pause, pour pouvoir souffler un peu et remettre ses idées en place. Lorsqu’elle arriva devant la porte du bar, le découragement la prit soudainement. L’insigne ‘Fermé’ se balançait nonchalamment devant ses yeux, comme si elle la narguait. Sentant le picotement amer des larmes dans ses yeux qui s’embrouillèrent, Saralyn tambourina à la porte, sachant que ses efforts étaient vains.

SARALYN

« CAL! Ouvre-moi, s’il te plait! Cal! CAL! »

Elle resta quelques minutes ainsi, à frapper sur une porte qui restait et resterait toujours close. Saralyn s’arrêta soudainement et se laissa glisser à terre, prenant sa tête entre ses mains. Se rendant ainsi compte qu’elle était dans le secteur des vampires et qu’elle était dans un état vulnérable, elle se releva d’un bond.. Pour se retrouver face à face avec Lorenzo. Sa surprise fut telle qu’elle fit un bond en arrière. Elle se culpabilisa par la suite lorsqu’elle croisa les yeux sombres du vampire. Il souffrait. Il lui sortit son éternel ‘Je vous fais encore peur..’ et avec ce ton de voix à fendre l’âme. Complètement figée sur place, Saralyn chercha ses mots.

SARALYN

« Je.. Non! Vous ne.. Tout va bien! J’ai juste été surprise, c’est.. Le conditionnement qui prend le dessus. Je ne voulais pas vous blesser. »

Si proches et pourtant si loin. Lorenzo et elle se vouvoyaient encore, pour une raison inconnue. Même s’il avait accès à toutes ses pensées. Saralyn n’était pas encore assez douée pour ériger une barrière entre ses pensées et lui. Par contre, elle savait le faire assez longtemps pour le repousser en-dehors de son esprit et le sachant poli, elle savait qu’il n’oserait pas recommencer s’il était expédié hors de son esprit. Saralyn eut un léger sourire triste et essuya prestement ses larmes d’un revers de la main, sachant que la noirceur ne trompait pas l’être qu’elle avait devant elle..

( HJ ; J’espère que ça te plais =) )

Depuis plusieurs heures déjà, la nuit était tombé sur la ville. Froide et sombre... Mais cela ne semblait nullement gênait Lorenzo qui parcourait les rues d'un pas assez actif. Il n'avait aucune destination précise mais tenait à surveiller ses vampires. La pénurie de sang animal se faisait de plus en plus ressentir et il ne tenait pas à ce que ses sujets se rabattent sur du sang humain. Il ne l'aurait pas supporté... Surtout depuis ses accords avec l'Organisation et la morale qui l'obligeait à boire seulement le sang animal. Mais après tout, est-ce qu'un vampire a une morale ? Lorenzo aurait pu en douter en cette froide nuit mais le souvenir de Saralyn lui remit quelque peu les idées en place. Comment aurait-il pu être dénué de toute morale dans ces circonstances ?

Finalement, il aurait peut-être mieux fait de rester « chez lui ». Si toute fois, le taudis dans lequel il vivait pouvait être considéré comme un lieu bien à lui. Ses sujets ne cessaient de filer toutes les cinq minutes, ne lui laissant pas une seule minute de répis. Et c'est seulement en tant que « Rack », en ayant bu et en se mettant en colère qu'il pouvait faire déguerpir tout le monde. Hélas, être cet individu ne l'enchantait guère plus que cela. Il est vrai que cela faisait plusieurs siècles qu'il se conduisait ainsi. Un ivrogne, un fou... A qui on ne devait pas accorder la moindre importance sauf lors de décisions majeures, qui n'avaient pour l'instant, plus lieu d'être avec l'arrivée de l'Etranger. Lorenzo n'avait fait que conclure une certaine « alliance » avec Démétrius pour ses sujets, afin d'avoir le pouvoir. En échange, cet homme ne demandait qu'une seule chose. La lycaride... Mais comment pouvait-il livrer si facilement Saralyn à Démétrius, alors qu'il s'était attaché à elle. Il l'avait réalisé mais ne devait pas le montrer. Si les autres le savaient, cette révélation signerait leur mort à tous les deux. Et Lorenzo ne voulait en aucun cas causer la mort de la demoiselle.

Décidément, ressassait ses pensées n'était guère réjouissant et Lorenzo préféra oublier tout cela. Oublier Démétrius et son projet concernant Saralyn, l'oublier elle aussi afin d'être encore et toujours « Rack » devant ses sujets qui sillonnaient les rues à la recherche de nourriture. Ces derniers temps, depuis l'arrivée de Démétrius en fait, plus rien n'était simple. La relation qu'il entretenait avec elle avait évolué quelque peu mais Gaspard, le coéquipier de Saralyn, l'empêchait toujours de venir le voir. Et sans elle, cela ferait bien longtemps que les deux jeunes hommes se seraient entretués. Mais encore et toujours, elle les empêchait, tenant, semblait-il, autant à l'un qu'à l'autre. C’est d’ailleurs ce qui commençait à exaspérer Lorenzo. Mais pourquoi voulait-il être plus important que Gaspard, aux yeux de Saralyn ? Peut-être s’était-il trop attaché à elle… Chose qui lui plaisait et en même temps, qui l’ennuyait.

Mais alors qu’il pensait à diverses choses, entre autre, à l’Organisation et à lui « Rack », une voix parvint jusqu’à lui. Une voix implorante, citant le nom de Cal, l’ami de Lorenzo. Marchant toujours du même pas, actif mais las, il se dirigea vers le bar « Délices de Bacchus » qui appartenait à Cal, justement. Au pied de la porte du bar, se tenait une ombre fine, reconnaissable entre milles pour Lorenzo. Elle était là, à terre. Elle l’entendit approcher, semblait-il, et se relevant, elle effectua un bond en arrière.

LORENZO

« Je vous fais encore peur… »

Ce furent les seuls mots qu’il arriva à prononcer en la regardant droit dans les yeux. Son regard sombre se porta alors sur le sol pour entendre à nouveau la délicieuse voix de Saralyn. Pourquoi se vouvoyaient-ils encore ? Il l’ignorait mais au moins, cela permettait une certaine distance entre eux, faisant prendre conscience à Lorenzo qu’il ne devait pas s’attaquer plus que cela à la douce lycaride.

LORENZO

« Que faites-vous ici… Seule ? »

Lorenzo se serait attendu à ce qu’elle ne s’aventure pas par ici la nuit et seule surtout. Son coéquipier n’était pas du genre conciliant concernant le vampire et ne tenait absolument pas à ce que Saralyn se promène n’importe où sans lui. Un peu comme Lorenzo…

(HS : C'est un peu court, désolé...)

Pourquoi? Pourquoi l’abandonnait-il maintenant alors qu’elle avait tant besoin de lui? Pourquoi partait-il sans un mot, sans penser qu’il la laissait seule? Il avait toujours été égoïste, mais à ce point? Elle ne l’avait jamais imaginé ainsi. Peut-être aurait-il pu simplement l’informer.. Elle aurait aimé pouvoir savoir ce qu’il faisait en ce moment. Parce qu’elle s’inquiétait pour lui? Elle savait qu’il allait s’en sortir, Gaspard avait toujours eu une chance innée. Peut-être que cette sortie était sa dernière.. Sait-on jamais. La vie est incertaine, surtout ces temps-ci. Elle aimait savoir le jeune homme proche d’elle, juste pour s’assurer qu’il était vivant. Elle ne pouvait s’en empêcher, elle ignorait réellement pourquoi. Son coéquipier avait un caractère exécrable, et pourtant, avec elle, il était différent. Il avait beaucoup plus d’ennemis que d’amis ou d’alliés, et la jeune lycaride croit en lui. Elle croit que c’est quelqu’un de bien, ce qui attire sûrement Gaspard à faire d’elle une alliée. Saralyn a toujours cru en lui, elle a toujours pensé que c’était un homme bien malgré tout ce qu’il avait fait. Et sincèrement, c’était sûrement la seule qui ne pensait jamais du mal de lui.

Ce qui l’avait poussée à faire un détour pour aller aux « Délices de Bacchus » était encore flou pour elle. C’était le genre de questions auxquelles elle ne souhaitait pas répondre dans l’immédiat. La réponse comme telle était simple, mais c’est ce qui venait après qui était autrement plus compliqué. Elle voulait voir Lorenzo. Pourquoi souhaitait-elle ardemment le voir, ça c’était une autre histoire. Elle se sentait en sécurité avec lui, même si elle ne devrait pas. C’est sûr qu’elle se méfie encore un peu, pas de lui mais de son état de vampire. En plus, c’est la pénurie de sang chez les vampires ces temps-ci. Quelqu’un a mit le feu aux réserves et a assassiné le Passeur, celui qui trouvait le sang et le donnait à la communauté. Justin pense même que c’est Gaspard qui a fait le coup! Saralyn ne peut se résoudre à un tel jugement. Son coéquipier n’est pas si cruel, elle en est persuadée. Jamais il n’aurait osé faire un acte aussi inconsidéré. C’était mettre à mort une communauté entière. C’était.. Un massacre pur et simple.

Et puis, les vampires, c’étaient les sujets de Lorenzo. Cela devait effectivement la pousser à les aider, à tenter de faire quelque chose pour eux.. Subtilement, bien entendu. Le dirigeant des vampires avait été clair là-dessus. C’était ses problèmes et il pouvait les régler seul. Il comprenait son besoin d’être utile, mais il lui était strictement interdit de faire quoique ce soit pour le sortir de ce pétrin-là. Elle aurait tant voulu l’aider, elle aurait tant voulu poser ne serait-ce qu’un seul geste pour lui. C’était impossible. Il avait accès à toutes ses pensées et il la connaissait trop bien. Il savait exactement quand est-ce qu’elle tenterait quelque chose d’inconsidéré. Pourtant.. Saralyn avait déjà tenté de plaider sa cause, mais c’était peine perdue. Lorenzo refusait toute forme d’aide venant de sa part. Il était persuadé réussir seul.. Et elle était persuadée qu’elle pouvait l’aider. Alors elle tentait de faire des choses, petites mais néanmoins significatives, espérait-elle. Saralyn s’était rendue au bar de Cal, elle avait vainement frappé à la porte jusqu’à s’en défoncer les mains. Puis, le dirigeant était arrivé.

SARALYN

« N.. Non! »

« Ce que je fais seule ici? Justin m’a quand même envoyé en mission même si Gaspard est injoignable. Et j’ai.. Décidé de faire un stop ici. »

La cause du ‘stop’ en question pouvait rester secrète à Lorenzo. De toute manière, même elle n’était pas sûre de ce qu’elle avançait. Tout ce dont elle était certaine, c'est que le vampire comptait réellement pour elle. Il avait de une manière de la prendre par les sentiments qu'elle n'aurait jamais cru possible de la part d'un vampire, surtout de leur dirigeant. Elle voyait toute sa souffrance dans ses yeux, elle voyait tout ce qu'il avait bien pu endurer. Elle voyait les siècles qu'il avait traversé. Elle voyait la mort, la haine, la peine. S'il avait pu verser des larmes, il l'aurait fait. Il détestait le monstre qu'il était devenu, et ce depuis des siècles et pour des siècles. Elle était tellement triste pour lui. Il devait toujours être Rack pour tromper ses congénères, et pourtant ce n'était pas ce qu'il était, ni ce qu'il souhaitait être. Dans ses beaux yeux sombres, elle voyait à quel point cela le fatiguait. Il voulait être lui-même, il ne voulait pas être le monstre qu'il voyait dans leurs yeux. Il voulait être Lorenzo, rien d'autre. Ça, Saralyn pouvait le comprendre. Elle pouvait le comprendre et elle voulait tant lui faire confiance.. Et que ce soit réciproque.

( HJ ; C'est pas grave, le miens n'est pas top non plus =/ )

LORENZO

« Vous ne devriez pas vous trouvez ici, sans lui... »

LORENZO

« L'odeur du sang attire les vampires. Et le manque de nourriture se fait cruellement ressentir. Tout le monde a faim... »

« Même moi... »

( HJ : Mais non, il est très bien ! )

Saralyn resta silencieuse, observant le vampire. Elle n’ignorait rien de la situation précaire de ce clan. Elle aurait fait quasiment n’importe quoi pour l’aider à surmonter la pente. Pourtant, elle était parfaitement consciente qu’elle ne pouvait rien faire pour lui. Elle était faible, et il refusait toute forme d’aide, même si cela pourrait le sortir du pétrin. Le voir ainsi était une torture pour elle. Elle détestait voir cet éclat dans ses yeux, cet éclat qui démontrait à quel point la situation était difficile. Elle aurait voulu le savoir repu, pour ne pas éprouver cette crainte en sa présence. Saralyn tentait de garder ses distances car elle préférait ne pas trop le tenter. Pourtant convaincue qu’il serait capable de résister, elle ne pouvait s’empêcher de penser que c’était un vampire tout de même. Un vampire avait besoin de sang pour se sentir bien, pour se sentir à l’aise. Elle semblait lire la souffrance, l’agonie, la faim dans les yeux du vampire. Elle ne pouvait se le permettre et pourtant, elle savait qu’elle ne pouvait rien faire pour l’aider. Enfin, elle pensait être capable de faire quelque chose, mais il l’en empêchait. Maintenant, il la connaissait assez pour être capable de savoir quand est-ce qu’elle tenterait quoique ce soit. Ce n’était pas pour lui plaire, loin de là.

Il y avait quelque chose d’autre qui tracassait la jeune lycaride. Elle n’était d’ailleurs pas la seule à se poser des questions à ce sujet-là. Il était un sujet de conversation assez fréquent ces temps-ci. Lorsqu’il n’était pas là pour entendre tout ce qu’on pouvait dire à son sujet, les commentaires filaient bon train. Saralyn préférait ne rien dire. Elle était en désaccord avec ce que l’on pensait de lui. Elle pensait que c’était quelqu’un de bien, qui dans le fond ne lui voulait pas de mal. À elle, en tout cas. Il lui avait si souvent sauvé la vie qu’elle ne comptait plus toutes les fois où elle serait morte s’il n’avait pas été là. Il était parfois impulsif, et il s’attirait ainsi des ennuis. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’être certaine qu’il n’était pas le meurtrier qu’on pensait. Gaspard était peut-être cruel mais il ne pouvait être un tueur complètement cinglé au point de vouloir tuer le Passeur, celui qui apprivoisait les vampires en sang animal et mettre le feu aux réserves. Même s’il n’aimait pas les vampires, elle ne pensait pas que son coéquipier serait capable d’une telle ignominie. C’était totalement immonde. Et Gaspard n’était pas immonde. Enfin..

SARALYN

« C’est justement parce qu’il n’est pas là que je suis ici. Sinon, c’est lui qu’ils auraient appelé.. »

Son incompétence était visible pour tous. Malgré la haine que plusieurs avaient à l’encontre de Gaspard, ils devaient bien avouer qu’il était plus efficace que Saralyn. Lui, au moins, ne mêlait pas sentiments et travail. Elle avait quelques difficultés à assassiner un monstre. Elle avait toujours l’idée qu’ils n’étaient pas tous cruels, qu’ils pouvaient être comme Lorenzo.. Alors elle répugnait à tous les assassiner si cruellement, elle répugnait à leur enlever la vie si brusquement. La vie qu’ils n’avaient déjà plus, figés dans le temps. La jeune spécialiste se taisait, se contentant de garder un œil sur Lorenzo et d’observer les rues. Le secteur 2 était imprégné de la faim de ses habitants. Lorsque le dirigeant des vampires lui confirma ce qu’elle pensait et s’approcha d’elle, frôlant même la fine peau de son cou en disant « Même moi.. » Saralyn ne put s’empêcher de frissonner. Elle détestait qu’il l’approche même si elle lui faisait confiance, elle ne voulait pas être si vulnérable.

Lorsqu’il se recula, elle poussa un imperceptible soupir et l’observa. Elle ne voulait absolument rien dire de ce qu’elle pensait en ce moment, parce qu’elle savait que cela blesserait Lorenzo de savoir qu’elle le craignait encore. Elle savait que c’était dur pour lui et elle ne souhaitait pas en rajouter une couche. C’était déjà assez pénible pour lui, elle ne voulait rien faire pour l’enfoncer encore plus. Alors elle avait préféré se taire, lui lançant un léger sourire qui sonnait sûrement faux. Elle n’avait pas le cœur de faire quoique ce soit, elle voulait rester là à l’observer. À détailler chaque trait de son visage parfait, pour ne pas l’oublier s’il partait lorsqu’elle ferait une connerie. Après tout, même si Lorenzo était un vampire, il comptait réellement pour elle. Même si Gaspard la détestait pour ça, pour cette confiance qu’elle plaçait en un corbusard, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Il était si humain à ses heures.. Avec elle. Il avait des réactions tellement humaines que ça lui faisait mal de se rappeler que son cœur ne battait pas, même si l’illusion était bien là. De voir que cette veine, dans son cou, ne battait pas. Elle aurait voulu lui dire à quel point elle était désolée et que pour elle, ça ne comptait pas. Pourtant, ses lèvres restèrent closes et elle soupira derechef, plus fort cette fois-ci. Son regard trouva celui du vampire et elle tressaillit légèrement sans véritablement savoir pourquoi. Peut-être parce que les yeux qu’elle regardait, cet éclat qu’elle y voyait était.. Humain?

Lorenzo ne pouvait s'empêcher de frémir à chaque instant à présent. Le sourire qu'affichait la demoiselle n'était qu'une façade, histoire d'essayer de le rassurer. Mais le vampire n'était pas dupe... Cela faisait longtemps qu'il avait apprit à déceler chaque chose non commune chez Saralyn. Son sourire sonnait faux, trop faux... Et il ne pu s'empêcher de baisser les yeux, afin de ne pas être tenter de s'insinuer dans son esprit. Il aurait tant voulu savoir ce qu'elle pensait de lui, mais plutôt que de devoir chercher dans ses pensées, Lorenzo aurait préféré qu'elle le lui dise. Mais loin de là, elle ne semblait pas du tout décidé à dire quoique ce soit, ce que d'ailleurs, il ne manqua pas de relever. Peut-être, après lui avoir avouer avoir faim, il avait espéré que Saralyn lui avoue quelque chose à son tour. Mais, à trop vouloir paraître humain à ses yeux, il devait lui faire peur, à vouloir se rapprocher et à se dévoiler. Et pourtant, ce n'était pas du tout son intention.

Il voulait se rapprocher d'elle. Pourquoi ? Pour l'amener à rencontrer... Non, à présent, la réponse était très floue. Au début, Lorenzo avait pour mission de l'approcher et quand elle serait prête, lui faire rencontrer Démétrius. Mais à présent, quelle était cette raison ? Peut-être s'était-il trop attaché à elle, plus qu'il ne le devrait normalement. Cal le lui avait souvent dit en l'ayant aperçu avec la demoiselle. Le chef des vampires et une spécialiste. Un corbusard et une mange-terre. Lorenzo « Rack » et Saralyn « La Louve ». C'étaient deux choses totalement inconcevables ensemble. Et pourtant, ces deux êtres que tout opposaient ne pouvaient rester l'un sans l'autre. Penser cela était quelque peu présomptueux de la part du vampire mais après tout, n'avait-il pas raison concernant la difficile relation qu'il entretenait avec la demoiselle ?

LORENZO

« D'habitude, ils vous appel tous les deux. Et, il se révèle souvent indispensable à votre tâche. Je me trompe ? »

Lorenzo était quasiment sûr de ne pas se tromper. Combien de fois avait-il surprit la demoiselle en sa compagnie, exécutant un de ces semblables si froidement ? Tant de fois qu'à présent, il ne pouvait, et ne voulait plus les compter. Penser à ses frères exécutés par Saralyn réveillé en lui quelque chose d'assez inhabituel. C'était comme s'il les trahissait au plus haut point en faisant 'ami-ami' avec celle qui les avait tués. Qui avait supprimé le semblant de vie qui leur restait.

Oh, bien sûr, ils n'étaient pas vraiment en vie. Leur coeur ne battait plus mais ils étaient quand même capables de sentiments : la haine, la colère, l'envie... Entre autre. Car même si Lorenzo était capable d'éprouver de profonds sentiments très positifs, tous les vampires n'en étaient pas capable, ronger par la soif de vengeance.

SARALYN

« Eh bien.. Non, vous ne vous trompez pas. Il n’est simplement pas.. Là. J’ignore où il peut être rendu. Et dans le fond, je m’en fiche. »

» ABSENCES de Lorenzo
» Lorenzo Ioannis « Rack »
» Lorenzo Ioannis ; RACK